- Naissance à Marrakech, 26 février 1945
- 1964-65, année préparatoire pour l’ENS de St-Cloud au lycée Fermat de Toulouse
- 1971, titulaire seulement d’un mémoire de maîtrise,
- Chargé d’enseignement à Paris III (1986-88)
- Chargé de cours d’agrégation d’arabe à Paris IV (1994-98)
- Attaché de recherche, 1971-79
- Chargé de recherche, 1979-92
- Directeur de recherche, 1992-2010
Informations biographiques
Naissance à Marrakech, 26 février 1945.
Cycle de scolarité primaire et secondaire dans les institutions de mission culturelle française à Marrakech (École de la Palmeraie, Lycée Mangin, puis Victor Hugo) jusqu’à 1964, Bac Philo.
1964-65, année préparatoire pour l’ENS de St-Cloud au
lycée Fermat de Toulouse.
Malgré un très fort handicap visuel dû à l’albinisme congénital (acuité 1/10e), poursuite du cycle supérieur d’études de philosophie jusqu’à la préparation de l’agrégation à la Sorbonne et l’ENS de Saint-Cloud (1965-70).
En 1971, titulaire seulement d’un mémoire de maîtrise,
recruté au CNRS comme attaché de recherche sur un projet relatif au « rapport historique et épistémologique de la logique aristotélicienne au système de la grammaire arabe ».
Les travaux se poursuivent ensuite à titre de chargé de recherche puis comme directeur de recherche, et portent sur l’histoire de la philosophie en Islam. Co-fondateur en 1976 d’une équipe de recherche, l’URA CNRS/EPHE, Histoire des sciences et de la philosophie arabes, laquelle est devenue le Centre d’histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales.
Chargé d’enseignement à Paris III (1986-88)
Chargé de cours d’agrégation d’arabe à Paris IV (1994-98)
J’exprime ma reconnaissance à l’IESE et à l’École supérieure Roi Fahd de traduction (ESRFT) pour le prix Ibn Rushd qui m’a été décerné ainsi que ma gratitude d’avoir été primé avec trois autres éminents anciens collègues et amis depuis plusieurs décennies.
L’effet de cette reconnaissance a guidé mon expression pour rédiger en quelques phrases cette notice biographique que j’ai voulue plus que simplement informative. Elle relève quelque peu de la confidence, reflet de l’amitié qui m’a été témoignée, et en remerciement à toutes celles et ceux qui ont œuvré à la réalisation de cette honorable distinction.
Mon cursus de Licence de philosophie à la Sorbonne (1965-67) n’ayant aucunement comporté d’initiation à la philosophie médiévale, et a fortiori de la philosophie arabe, ma rencontre avec celle-ci a commencé à l’occasion de mon mémoire de maîtrise :
la traduction et le commentaire de la Paraphrase d’Ibn Rushd du livre des Catégories d’Aristote, en 1968 sous la direction de Maurice de Gandillac et Jean Jolivet.
Cela allait me conduire à inscrire un sujet de thèse sur les rapports de la grammaire arabe primitive avec la doctrine des catégories d’Aristote.
L’originalité du thème et ses multiples aspects, historique, linguistique et philosophique présidèrent à mon recrutement, de
manière précoce, comme attaché de recherche au CNRS dès 1971.
Trois étapes ont ponctué mon travail de recherche en histoire de la philosophie arabe au CNRS (1971-2010).
1. Attaché de recherche, 1971-79
Pas moins de huit années m’ont été nécessaires pour éclairer un vrai problème d’histoire et de classification des sciences (grammaire et logique) dans la culture philosophique arabe classique et l’isoler de l’épais complexe idéologique dans lequel il avait été englué depuis le XIXe siècle.
Je devais d’abord sortir de ce domaine sans contours scientifiques rigoureux que l’on appelle islamologie, puis retrouver une unité psychologique profonde et concilier ma langue naturelle, l’arabe, et l’expression de la pensée philosophique. J’ai pu ainsi me dégager de la mentalité schizophrénique à laquelle m’acculait l’opposition séculaire entre hellénisme et sémitisme et une certaine pensée coloniale qui en était la conséquence.
2. Chargé de recherche, 1979-92
Libre dans la langue arabe et la pensée, il me fallait acquérir la connaissance des auteurs et des textes de la philosophie arabe. Aussi, les douze années suivantes, avec la multiplication des travaux de séminaires d’équipe, de colloques, de travaux d’encyclopédie ou de dictionnaires, j’ai perfectionné ma formation en philosophie arabe sous un mode de pérégrination à travers les textes et les auteurs.
Il ne pouvait en être autrement. La situation d’un chercheur en philosophie arabe n’est pas semblable à celle d’un chercheur dans la tradition grecque ou latine, qui avait déjà dans son cursus d’études terminales, en classes préparatoires ou dans les grandes écoles, acquis une familiarité suffisante pour engager ses recherches. Mes lectures des textes étaient des premières lectures qui sollicitaient un approfondissement à plusieurs niveaux, notamment : contrôle de l’édition du texte ou son établissement le cas échéant, sa compréhension, la recherche de ses sources et de sa postérité.
Mais, chemin faisant, j’ai centré mon intérêt particulièrement sur les auteurs de l’Occident musulman. Je découvrais que mon ancrage intellectuel, mon situs propre était
fondé dans l’histoire et la philosophie en Andalousie et au Maghreb du XIe au XIVe siècle. Dans mon effort d’élargissement du champ historique du savoir, je sentais un élan de vitalité culturelle indispensable à la continuité que je souhaitais réaliser avec le passé du Maghreb et sa fécondation pour ma culture philosophique actuelle.
Cette période d’auto-formation, aussi bien pour l’érudition
acquise que pour l’affirmation et l’épanouissement de mes choix intellectuels n’aurait été sans doute pas possible sans le cadre institutionnel du CNRS, qui permettait une totale liberté d’orientation de ma recherche et le temps nécessaire pour la développer.
3. Directeur de recherche, 1992-2010
Ce n’est qu’en tant que directeur (1992-2010) que mon
champ de recherche s’est proprement défini suivant deux axes principaux, la logique et la psychologie dans l’œuvre d’Ibn Rushd.
L’Occident musulman du VIe siècle hégirien (XIIè siècle) a conjugué différentes orientations de l’intellectualité en Islam notamment et simultanément la philosophie et le soufisme. L’horizon soufi n’est pas tout à fait étranger à la recherche philosophique en cette période, et réciproquement.
Des œuvres comme celles d’Ibn Ṭufayl, et plus tard, d’Ibn Sabʿin et d’Ibn al-Khaṭīb en témoignent.
Ce qui motive ma volonté actuellement, c’est la mise en évidence de l’unité du champ épistémique en cette période dans laquelle l’approfondissement du tawḥīd ou recherche de l’Unicité divine par la voie de la Sagesse (ḥikma) fondée dans l’expérience ou la raison concerne aussi bien la philosophie que le soufisme.
L’époque de l’Empire almohade constitue le centre de cette vision. Je m’essaierai à exposer quelque chose comme une phénoménologie historique d’une même conscience de l’Unicité divine (tawḥīd), animée par différentes voies dans le champ du savoir.